Cette année encore, un nouveau chapitre sur les NAO sera coécrit entre La Poste et les différentes organisations syndicales. Coécrit ne présumant pas d’un aboutissement positif mais présage, à coup sûr, des négociations ardues. Cette année encore, il s’agira pour FO Com de revendiquer du mieux et du plus pour tous les postiers et mettre en avant, afin d’atteindre cet objectif, plusieurs arguments pour convaincre l’entreprise de proposer un accord juste et cohérent. Mais personne, à ce moment-là, ne connait encore l’issue de cette histoire…
Certes, la conjoncture économique et l’instabilité politique ont un rôle à jouer dans ce genre de négociation et La Poste nous l’a clairement fait savoir.
D’abord, les résultats du Groupe ne sont pas aux attendus malgré la vente de La Poste Mobile à Bouygues Télécom et malgré l’encaissement d’un dividende complémentaire versé par La Banque Postale. Ces deux impacts seront clairement favorables aux comptes de La Poste mais restent des rentrées financières ponctuelles ne permettant pas au Groupe de s’engager sur de fortes hausses de salaires à long terme. Toutefois, ils amélioreront la prime d’intéressement versées aux postiers en 2025.
La Poste argue également le fait que l’inflation est plutôt faible en cette année (1.17 % hors tabac). Enfin, elle dresse un tableau plutôt préoccupant voire alarmiste sur la situation de divers critères comme l’accentuation de la baisse du trafic courrier, de l’activité au guichet ou la poursuite de la hausse de la dette nette du Groupe. Pour FO Com, ces critères sont incomplets voire trompeurs. En effet, en ce qui concerne la baisse de trafic, elle est la même que l’an passé (-10 % environ) tout comme la hausse de la dette qui est du même tonneau que 2022-2023… Les NAO de 2024 ayant abouties à un accord à 3.5 % d’augmentation pour les Classes I et II, ces critères ne devraient pas être handicapants cette année, puisque les chiffres sont quasiment les mêmes ! Ce n’est pas pareil, c’est plus compliqué que ça ! Nous rétorque La Poste…
Toujours est-il que ses premières propositions sont indécentes : 0.6 % d’augmentation de la valeur du point pour les Classes I et II et 0 % d’augmentation générale pour les Classes III et IV… Et rien sur les mesures annexes (comme l’Indemnité Transport pour l’utilisation d’un Véhicule Personnel, ITVP par exemple). Mais que dire de la deuxième proposition : 0.9 % pour les Classes I et II et 0.3 % d’augmentation générale pour la Classe III, toujours rien pour la Classe IV…
FO Com ne cache pas sa déception et sa colère face à ce que nous considérons comme un manque de respect envers les milliers de postières et postiers qui ont été au rendez-vous tout au long de l’année.
Est-ce que La Poste souhaite attirer de nouveaux personnels ? Est-ce que La Poste souhaite conserver ses postiers et éviter ainsi la fuite des compétences ? Si oui, alors cela passe par une rémunération attractive.
Force de propositions, nous avons donc réitéré nos demandes et espérons des réponses. Qu’elles soient sérieuses et cohérentes l’image de La Poste et sa crédibilité sur les marchés en dépendent.
Les revendications FO Com
- Le 13e mois
- Des augmentations générales des salaires pour tous
- La mise en place d’une négocation concernant la refonte et l’allongement des grilles salariales
- Une forte revalorisation de la prime ultra marine, soutenant ainsi les Dromiens dans leur lutte contre la vie chère
- Un élargissement des villes éligibles à la prime frontalière ainsi qu’une augmentation de celle-ci
- L’ouverture d’une négocation sur une réelle politique salariale
Salariés d’Outre-Mer La lutte continue
Un accord régional interprofessionnel sur les salaires, dit BINO, a été signé en Guadeloupe, le 26 février 2009. D’autres accords interprofessionnels ont été ratifiés à La Martinique, à La Réunion et en Guyane cette même année. L’ensemble des salariés des DROMS deviennent donc bénéficiaires de la prime BINO à l’exception de Mayotte.
L’accord prévoit le versement d’une prime mensuelle de 200 €, dont 100 € versés par l’État, et 100 € versés par l’employeur.
De son côté, en avril 2009, La Poste a appliqué l’accord BINO et a rendu la prime de 100 € brut par mois permanente dans son accord salarial pour l’année 2011 et pour les départements concernés. Auparavant, La Poste avait déjà pris en compte la spécificité de la vie chère sur ces territoires en instaurant, dès 2003, la prime ultra-marine.
Concrètement, les postières et les postiers travaillant en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion, en Guyane et désormais à Mayotte (depuis 2025 grâce à FO) percevront donc :
- La prime BINO de 1 200 € brut annuel
- La prime Ultra-Marine de 3 869,82 € brut annuel (montant revalorisé au 1er juillet 2025)
- Soit un montant total de 5 069,82 € brut annuel
Pour FO Com, ces primes n’est qu’une réponse partielle aux difficultés rencontrées dans les départements d’outre-mer. À chaque réunion de Négociations Annuelles Obligatoires, nous continuons à exiger de substantielles revalorisations.
Qui était Jacques BINO ? Son nom est étroitement lié à la mobilisation de 2009 en Guadeloupe. Le syndicaliste est mort assassiné dans la nuit du 17 au 18 février 2009 alors qu’il rentrait chez lui après un rassemblement de militants. L’accord interprofessionnel qui porte son nom, valide l’obtention de 200 € d’augmentation sur les bas salaires.
Et les cadres dans tout ça ?
Augmentation générale ou augmentation individuelle… Les deux mon capitaine !
Pour FO Com, une augmentation générale doit être inscrite dans l’accord. Elle permet de bénéficier d’une revalorisation en lien avec l’inflation. La proposition d’une enveloppe d’augmentation individuelle est un gage de reconnaissance pour le travail et l’investissement fournis. Elle doit être partagée, notamment pendant l’entretien de performance annuel.
En privilégiant l’augmentation générale dans ses revendications, FO Com met l’accent sur la clarté de la démarche car, au-delà du manque de transparence sur l’attribution d’une enveloppe individuelle, celle-ci n’est pas distribuée de manière équitable envers les cadres comme indiqué dans l’accord. De plus, il n’y a aucune information sur l’utilisation de l’enveloppe : est-elle reversée dans son intégralité ? Combien de cadres ne bénéficient d’aucune augmentation ?
Donc, en négligeant une augmentation générale, La Poste exclue fatalement une partie des cadres qui percevront donc… O ! C’est ce qui risque d’arriver cette année.
Selon FO Com, la revalorisation substantielle des salaires est le levier le plus approprié pour faire preuve de reconnaissance envers le personnel. Est-il normal que La Poste soit si frileuse envers ses cadres porteurs de la stratégie de l’entreprise ?
FO Com s’inquiète quant à l’absence de propositions concrètes et cohérentes et exige qu’une réelle politique salariale soit à l’ordre du jour. La perte de motivation due à la faiblesse des salaires entrainera, de facto, des difficultés d’embauche, une démission silencieuse, pire, la fuite massive des compétences.