D’après le dernier rapport du COR, il n’y a pas de dynamique incontrôlée des dépenses de retraite. De plus, le déficit annoncé ces 10-15 prochaines années est extrêmement limité par rapport au budget global du régime, alors même que les prévisions annoncent un retour à l’équilibre sans besoin de réforme. D’après notre gouvernement, cette réforme serait nécessaire pour l’équilibre du régime, et qu’il serait par conséquent irresponsable de s’opposer au texte proposé. Ce projet de loi est pourtant injustifié, mais il est également profondément injuste.
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En France, à l’âge de départ en retraite actuel (62 ans), un travailleur sur deux ne travaille déjà plus, certains sont au chômage, d’autres en invalidité ou aux minima sociaux. Pour FO, il est prioritaire de renforcer une politique de l’emploi des séniors pour pallier ce problème. Cela n’est pas fait dans ce texte, où la simple publication d’un index sénior a été requise, sans obligation de résultat de la part des employeurs.
Pour FO, cela est d’autant plus inquiétant que la réforme de l’assurance-chômage mise en place par le Gouvernement, durcit les conditions d’accès au système et réduit fortement l’indemnisation des demandeurs d’emploi. Pour FO, l’emploi des séniors est un levier essentiel pour permettre d’augmenter les recettes des cotisations.
En effet, en augmentant le taux d’emploi des 55-64 ans, on permettrait une hausse considérable des recettes d’ici 2032, sans toucher à l’âge légal ni à la durée de cotisation. Augmenter le taux d’emploi des seniors « de dix points », de 56% à 66%, permettrait même de développer les dispositifs de départ à 60 ans tout en maintenant le système à l’équilibre. Le Gouvernement a fait un autre choix.
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L’espérance de vie n’est plus en progression constante. Les derniers chiffres d’espérance de vie ont été revus à la baisse, par l’INSEE et y compris dans le dernier rapport du COR. Par ailleurs, c’est nier une autre réalité qui est celle de l’espérance de vie en bonne santé : Une étude de la DREES démontre que l’espérance de vie en bonne santé des Français n’a pas augmenté depuis plus de 10 ans et s’élève en France à 64,1 ans pour les femmes et à 62,7 ans pour les hommes. La France est d’ailleurs mauvaise élève en la matière par rapport à nos voisins européens.
Le vieillir en bonne santé n’est pas pris en compte dans cette réforme, alors que ces deux années de travail supplémentaire sont vécues comme une véritable sanction pour beaucoup de travailleurs. La véritable irresponsabilité est d’ignorer le contexte de crise climatique, alors que les prévisions sur notre espérance de vie en bonne santé, ainsi que sur nos conditions de vie se dégradent d’années en années. Demander à travailler plus longtemps à des travailleurs pour qui les canicules, les maladies chroniques respiratoires, les épidémies vont se multiplier témoigne du mépris du Gouvernement quant aux conditions de travail.
Le Gouvernement semble oublier que les retraités, suffisamment jeunes pour disposer d’une bonne santé, sont essentiels à notre société. La retraite n’est pas une fin à partir de laquelle l’individu deviendrait au mieux invisible, au pire inutile. C’est un âge de la vie où on contribue à la société de manière alternative à l’emploi : les jeunes retraités permettent entre autres à de nombreuses associations de fonctionner, aux jeunes parents d’aller travailler en laissant leurs aînés prendre soin des enfants ou des proches dépendants. En voulant faire travailler les salariés toujours plus longtemps, c’est toute l’organisation de la société qui est remise en cause, et tout le monde en sortira perdant.
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Le Gouvernement indique dans son étude d’impact que la prise en compte de 3, au maximum, 4 trimestres au titre de l’ AVPF (Assurance vieillesse du parent au foyer) permettrait à entre 2000 et 3000 femmes chaque année de partir dans le cadre du dispositif carrière longue. Alors qu’environ 420 000 femmes prennent leur retraite chaque année, c’est très généreusement 0,5% des femmes que le Gouvernement a pris en compte dans ce texte. Le congé parental et d’aidant qui concerne majoritairement les femmes représente souvent bien plus qu’une année dans leur vie professionnelle !
De même, le texte oublie la question de la pension de réversion qui constitue pourtant un complément de revenu essentiel pour la plupart des femmes (80% des bénéficiaires sont des femmes) : les règles actuelles ne satisfont pas le besoin de compensation de carrière pour ce que font la plupart des femmes pour leur famille.
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Ces chiffres cachent évidemment des inégalités… Ces inégalités sont tellement criantes que même un ministre en a convenu sur un plateau de télévision en indiquant que les femmes seront pénalisées, que des données personnelles ont été utilisés par un ministère pour relayer la propagande du gouvernement, avec les éléments de langage que nous connaissons tous !
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Les projets de réforme se succèdent depuis bien trop longtemps, et jamais en ne prenant réellement en compte la vie des femmes et hommes qui composent notre pays. FO n’a eu de cesse d’expliquer, de revendiquer avec clarté, notre opposition à leurs projets amenant davantage de précarité et de réduction de droits pour toutes et tous.
Cette réforme, c’est deux ans ferme pour tout le monde. FO exige le retrait de ce projet !
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