Les 12, 13 et 14 avril 1948 se tenait le congrès créateur de la CGT Force Ouvrière. Cet acte fondateur entérinait la scission, votée le 19 décembre 1947, par des militants qui rejetaient la politisation outrancière de la CGT. Ils refusaient ainsi de soutenir l’idéologie d’un bureau confédéral qui ne cessait de se « staliniser » sous l’emprise d’un parti communiste inféodé aux dirigeants soviétiques.
Dans son exergue, la CGT-FO appelait à réunir « les travailleurs et les militants qui se refusent à sacrifier les intérêts de la classe ouvrière française à des fins politiques ». En choisissant cette route, les congressistes ne se sont pas seulement prononcés pour le mouvement syndical, ils ont aussi déclaré que celui-ci était un acteur de la Démocratie et, qu’en conséquence, il ne pouvait servir d’appui à des régimes politiques dont les principes directeurs ne seraient pas basés sur la liberté. Aux côtés de Léon Jouhaux, Robert Bothereau pouvait ainsi déclarer « l’esprit de la CGT est ici…nous qui avons dû en partir, nous disons, nous continuons la CGT ».
Le congrès proclamait que pour la CGT-FO : « 1° le syndicalisme ouvrier a pour fondement la liberté…2°,Le but suprême de l’action syndicale est l’émancipation des travailleurs »
Aujourd’hui, l’entêtement du gouvernement à mener une réforme sur les retraites provoque une tourmente sociale, politique et institutionnelle. En voulant « passer en force », contre l’avis unanime des organisations syndicales, sans majorité parlementaire et sans appui de l’opinion publique, ce pouvoir politique fragilise la Démocratie et, donc, le syndicalisme libre et indépendant. Profondément attachée à ces valeurs, la CGT-Force Ouvrière, au-delà du contenu néfaste de la réforme elle-même, condamne les conditions dans lesquelles elle a été menée, qui nous commandent de continuer ce combat pour la justice et le progrès social, au seul service des travailleurs actifs ou retraités de ce pays !