Depuis juin 2022, La Conférence Internationale du travail a ajouté la reconnaissance d’un milieu de travail sûr et salubre comme principe à sa liste des droits fondamentaux. Cette modification devrait susciter une plus grande considération des questions liées à la santé et à la sécurité du travail (SST) au sein des normes mondiales.
En février 2023, le monde entier a douloureusement constaté les conséquences dévastatrices de la pandémie de la Covid-19, avec 750 millions de cas confirmés et 6,8 millions de décès. Étant l’une des plus dévastatrices de l’histoire récente, cette crise sanitaire a sensibilisé de manière sans précédent à la question cruciale de la santé et de la sécurité au travail (SST). Des millions de travailleurs ont continué à exercer leur activité en première ligne, exposés quotidiennement à des risques.
Pour d’autres, la pandémie a accéléré la transformation numérique comme le travail à distance qui a connu une forte progression. Cette évolution s’est accompagnée d’une utilisation accrue des nouvelles technologies numériques par les employeurs à des fins de contrôle, de surveillance et dans certains cas, de gestion des travailleurs engendrant ainsi des risques spécifiques en matière de SST.
Uni Global Union à laquelle FO Com est affilié, a soutenu les syndicats du monde entier dans l’adoption de meilleures pratiques en matière de santé et de sécurité au travail.
Lors de son 6e congrès en août 2023, des témoignages poignants ont illustré la réalité de ces défis. En Suède, une entreprise internationale surveille étroitement les travailleurs dans ses entrepôts, leur imposant le port de bracelets et de casques pour recevoir des instructions en temps réel. Cette pratique a eu pour conséquence d’accentuer le stress et les problèmes de santé mentale des travailleurs. Ces problèmes ne découlent pas d’aspects individuels, mais sont le résultat néfaste de l’organisation du travail imposée par l’employeur, lequel a une obligation en matière de santé et de sécurité au travail.
En Finlande, où le secteur du commerce est principalement féminin, les femmes sont plus souvent victimes de harcèlement et de violence de la part de tiers qui peuvent avoir des conséquences physiques et psychologiques. Pour remédier à ces problèmes, il est impératif qu’elles bénéficient de la confiance de leur employeur grâce à la négociation collective, un outil essentiel pour renforcer leurs droits. UNI encourage les syndicats à utiliser la Convention 190 comme instrument pour appuyer la négociation de politiques contre la violence basée sur le genre dans les conventions collectives.
Il est à noter que la Convention 190 est actuellement ratifiée par 32 pays, dont la France, mais pas la Finlande.
Plusieurs syndicats du monde entier ont également exprimé leur soutien aux victimes de violence domestique. Par exemple, l’Irlande introduira à l’automne une législation prévoyant cinq jours de congés payés pour les victimes de violence domestique. Cette avancée résulte également de la négociation collective.
L’Alliance syndicale au sein de l’opérateur de télécommunication Orange, dont FO Com est membre, a intégré certains éléments de la convention C190 dans l’accord mondial sur l’égalité professionnelle Femmes-Hommes.
Les travaux de la Conférence Mondiale des femmes précédant le congrès auxquels FO com a participé, ont aussi mis en évidence l’importance de reconnaître que la santé au travail doit être appréhendée en tenant compte des spécificités de chaque genre pour adapter, en conséquence, les conditions de travail. Les effets du travail sur la santé des femmes restent largement méconnus et minimisés. À titre d’illustration, les postes de travail et les équipements, y compris les équipements de protection individuelle (EPI), sont conçus en prenant pour référence les caractéristiques physiques d’un « homme moyen ». Dans ce contexte, FO com a œuvré pour que les factrices de La Poste française, généralement de taille plus petite que celle des hommes, bénéficient de vélos spécialement adaptés à leur taille, ce qui profite à l’ensemble des travailleurs de petite stature.
D’autres intervenantes du monde entier ont souligné que les femmes continuent d’assumer l’essentiel des responsabilités de soin ce qui accroît le risque de surcharge de travail, de stress et de problèmes de santé mentale en l’absence de dispositions permettant de concilier vie professionnelle et vie privée.
Une déléguée d’Afrique du Sud a aussi mis en lumière les problèmes spécifiques des femmes qui sont souvent ignorés sur le lieu de travail tels que les fausses couches, les avortements, les mortinaissances qui ont des effets physiques et émotionnels dévastateurs sur la mère, nécessitant parfois des mois pour se rétablir physiquement, et bien plus longtemps pour se remettre émotionnellement et psychologiquement de cette perte.
Enfin, le 6e congrès d’Uni en août 2023 a mis en exergue l’importance cruciale de la santé et de la sécurité au travail (SST) à l’échelle mondiale, tout en soulignant que ces enjeux affectent de manière inégale les travailleurs, en particulier les femmes. Face aux défis de la pandémie, de la transformation numérique et des inégalités de genre, l’appel à une action collective est essentiel pour promouvoir la justice sociale et garantir la protection des travailleuses et des travailleurs. Dans cet ADN syndical, il est impératif de reconnaître l’importance de « nous lever ensemble » pour créer un environnement de travail sûr et salubre pour tous.