Malgré le rejet par 70 % de la population de sa réforme des retraites, le gouvernement s’obstine, usant parfois d’arguments contestables, pour imposer par la force son projet injuste et anti social.
Ainsi selon lui, le passage à 64 ans rapporterait 10 milliards d’euros par an ! (soit environ 0,6 % du PIB) !
C’est faux ! Une récente étude de la Drees et de la DG –Trésor met en avant que travailler deux ans de plus ne rapporterait pas autant que prévu car ce recul générerait une flambée de dépenses sociales et d’allocations chômage supplémentaires. En effet, au moment de la retraite, un salarié sur deux est sans activité. Il est au chômage, en maladie, au RSA ou en invalidité. Prolonger la carrière de deux ans ferait grimper mécaniquement le nombre de séniors en difficulté. Selon la Drees, si, en 2019, on était passé à 64 ans, les dépenses des prestations sociales auraient augmenté de plus de 3,8 milliards d’euros, les pensions d’invalidité de 1,8 milliards d’euros avec, à la clé, 160 000 bénéficiaires de plus usés par les métiers pénibles. Le versement des minimas sociaux se serait alourdi de plus 830 millions et celui des indemnités journalières au titre des arrêts maladie, de près de 1 milliard.
Ainsi, pour 1 euro de retraite à payer, il faudrait compter 50 centimes environs de prestations sociales à verser en sus.
Pour la DG-Trésor, la totalité des dépenses sociales liées à un recul de l’âge de départ ou une augmentation de durée de cotisation pourrait coûter plus de 0,2 % de part PIB.
À déduire donc des gains attendus, desquels il faudrait encore soustraire les mesures que le gouvernement devrait prendre pour combler les trous des régimes concernés (assurance maladie…) et les aides aux collectivités qui versent le RSA !
Si le gouvernement affirme que sa nouvelle réforme servirait à « sécuriser » le régime des retraites, il prévoit également, dans sa Loi de finance adoptée par 49-3, que les 10 milliards d’euros pourront servir aussi à d’autres choses, comme financer la baisse des impôts de production ! L’objectif de cette réforme est bien de réduire le poids des retraites dans le PIB à n’importe quel prix même si cela doit conduire à réduire, demain, le montant des pensions versées, à accentuer la pauvreté !
(*) Drees : Direction de la Recherches, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques, elle dépend du Ministère des solidarités et de la santé, du ministère de l’économie et des finances.