L’élection des représentants du personnel au Conseil d’Administration d’Orange SA aura lieu du 16 au 18 novembre 2021, par vote électronique. Un second tour probable aura lieu du 24 au 26 novembre.
Quelle est sa composition ?
Le président est le PDG d’Orange, Stéphane Richard. Le CA est composé de 15 membres, dont sept administrateurs indépendants, trois administrateurs représentant l’État (l’État détient 25 % de l’actionnariat à travers l’APE et la BPI), trois administrateurs représentant le personnel et un administrateur représentant les salariés actionnaires (les salariés constituent le 2nd actionnaire, derrière l’État, avec environ 6 % de l’actionnariat et 10 % des droits de vote). Nous souhaitons que l’État soit fortement présent dans le capital, c’est une protection pour l’opérateur historique, mais les décisions doivent tenir compte de l’intérêt des salariés.
Quel est le rôle du Conseil d’Administration ?
Le CA est chargé, comme son nom l’indique, d’administrer l’entreprise, c’est-à-dire de prendre les grandes décisions entre deux assemblées générales des actionnaires. Il est la voix des actionnaires pour la gestion au quotidien de l’entreprise. Il se prononce sur l’ensemble des décisions relatives aux grandes orientations stratégiques, économiques, sociales, financières et technologiques du Groupe et veille à leur mise en œuvre par la Direction Générale.
À titre d’exemple, la prochaine Offre Réservée au Personnel est décidée et votée au CA. Il nous semble essentiel que l’opération soit la plus intéressante possible pour les salariés et notre présence est nécessaire pour faire entendre nos revendications.
FOCom se mobilise pour la représentation des salariés au sein du CA.
À ce jour, la loi impose d’avoir un représentant du personnel actionnaire dans la mesure où celui-ci détient au moins 3 % du capital social. Notre objectif est d’augmenter cette proportion afin de sécuriser le capital de l’entreprise qui sera moins sujet à des OPA hostiles. En atteignant 10 %, cela justifierait le fait qu’il y ait deux représentants des salariés actionnaires au CA. À FOCom, nous revendiquons une augmentation du nombre de représentants de salariés élus augmente de manière à permettre une meilleure représentation et à peser davantage dans les décisions. Aucune contrainte légale n’existe en la matière, il s’agit uniquement de la modification des statuts de l’entreprise, ce qui se fait couramment.
Plus concrètement, que gère le Conseil d’Administration ?
Il ne s’agit pas de gestion quotidienne mais plutôt de valider les grands axes stratégiques proposés par le président et le comité exécutif (COMEX). Le CA est habilité à proposer des axes stratégiques sur les fusions ou acquisitions d’entreprises, la création de grandes filiales ou de grandes activités, les choix d’innovation et de recherche, les choix de gouvernance, les choix politiques en termes de RSE. Il délègue au président les actes financiers nécessaires à la réalisation de la politique décidée (dans le cadre des résolutions votées en assemblée générale).
Les décisions prises au CA ont-elles des répercussions sur le quoditien des salariés ?
Bien évidemment ! Prenons le cas de la scission entre le réseau et les services, évoquée par la presse et démentie par S. Richard. Cela signifierait que les UI et DTSI seraient mises dans une entité à part et éventuellement filialisées. De telles décisions se discutent au CA avec des conséquences immédiates pour les salariés de ces entités qui sortiraient de la maison mère et ne bénéficieraient plus des mêmes avantages et garanties. Lorsque le CA élabore et valide un plan stratégique, cela génère des impacts sur la politique sociale et économique, les effectifs, et la formation et en conséquence sur les conditions de travail. Il est donc essentiel que la voix des salariés puisse se faire entendre au sein du CA.
Que défend un administrateur FOCom au sein du CA ?
Sur un plan stratégique, tel que Engage 2025, le rôle du syndicaliste n’est pas d’élaborer la stratégie à la place de la direction mais d’en contester les aspects négatifs comme le fait de recourir à une filialisation accrue, de décider de se séparer d’une partie de son patrimoine au travers d’Orange TowerCo, d’Orange concession. Nous ne remettons pas en cause le fait de rechercher des partenaires pour financer les investissements mais nous sommes vigilants à ce que cela ne se traduise pas par une perte de contrôle de l’entreprise sur ses actifs critiques. À date, il n’y a pas de projet de cession d’éléments actifs du réseau, seulement d’infrastructures passives, mais c’est déjà une évolution négative et nous devons être attentifs. Dans certains pays autres que la France, l’entreprise sous-traite totalement ses réseaux. Or le réseau représente l’actif « critique » de l’entreprise ce qui s’est d’ailleurs confirmé avec la crise sanitaire ou encore avec la panne des numéros d’urgence, mettant en exergue leur rôle déterminant. L’entreprise ne doit pas se séparer de ses actifs stratégiques et doit investir davantage pour les maintenir en état et les développer. Cette activité doit rester en maison mère, il en va de l’avenir à long terme de l’entreprise, de l’intérêt des personnels, de leurs conditions de travail et de la pérennité des emplois.
Quant à la fin du cuivre, elle est inéluctable. Les pouvoirs publics ont opté pour le « tout Fibre ». Néanmoins, le réseau cuivre a besoin d’être entretenu pour des raisons de qualité de service, économiques et d’image de marque. Il est à noter que l’État n’a pas pris la peine de renouveler les contrats de service universel avec Orange mais dans l’esprit du public, nous sommes l’opérateur historique et nous avons en charge cette responsabilité. Le cuivre représente une part très importante des ressources d’Orange en France, en particulier pour la division WIN qui s’occupe de la vente en gros et du dégroupage auprès des autres opérateurs. Cette ressource est vouée à diminuer et l’enjeu est de trouver de nouvelles ressources en remplacement. Pour WIN, Orange Concession va permettre de créer une nouvelle forme de commercialisation en gros auprès des fournisseurs d’accès. Nous devons également acquérir des capacités dans les zones RIP où nous ne sommes pas présents. En effet, Orange ne disposera plus que de 55 % du réseau d’où l’importance de conserver sa capacité d’intervention sur l’ensemble du territoire.
Côté boutiques, la présence d’Orange sur l’ensemble des territoires est un véritable atout concurrentiel. Avec leurs fermetures, l’entreprise cède du terrain et se rapproche de la stratégie de certains concurrents sans présence commerciale physique forte. Certes, il y a une augmentation des actes commerciaux via le canal digital mais une part importante de la population a besoin de se déplacer en boutique et d’avoir une relation personnalisée, en face à face. Nos collègues de boutiques souhaitent conserver leur emploi et leur activité à laquelle ils sont attachés. Lorsque l’entreprise a acheté la GDT (Générale De Téléphone), nous avions revendiqué leur intégration à la maison mère. En effet, les salariés de la GDT ont un statut différent et ne bénéficient pas de la même convention collective, ni de la même rémunération et part variable. Au travers de cette politique de filialisation, l’entreprise cherche à payer moins les salariés et à avoir plus de flexibilité pour fermer les boutiques lorsqu’elle le décide. Les personnels de la GDT ont une capacité à se défendre moindre que celle des salariés en maison mère où ils sommes plus nombreux.
Qu’en est-il de l’application budgétaire de la stratégie ?
Tous les ans, le CA élabore les résolutions proposées à l’assemblée générale parmi lesquelles l’affectation du résultat c’est-à-dire la détermination du dividende. Le CA est évidemment en faveur des actionnaires mais les représentants des salariés au sein du CA peuvent faire entendre leur voix, ce qui permet de tempérer la vision de la direction sur la répartition des bénéfices dégagés. En 2020, en pleine crise sanitaire, cela a permis de limiter le dividende à un niveau plus raisonnable et de pouvoir faire en sorte que l’entreprise conserve une marge financière suffisante pour faire face à la situation. Nous revendiquons que les salariés puissent bénéficier, au même titre que les actionnaires, des revenus dégagés. Lorsqu’on décide de verser 2,2 milliards aux actionnaires, c’est autant d’argent non investi dans l’entreprise, dans les emplois, dans la reconnaissance, la recherche et le développement. Le déploiement des réseaux et des nouvelles technologies (5G, Fibre, Orange Bank, Cyber sécurité) nécessite des investissements importants. Dans un même temps, l’entreprise investie moins pour verser plus de dividendes. Pour répondre à ce paradoxe, elle fait le choix de faire rentrer des partenaires qui vont investir à sa place, ce que nous contestons. Nous sommes en faveur de nouveaux partenariats, à condition que cela permette d’investir plus et non l’inverse.
Et sur l’érosion des effectifs depuis des années ?
Nous contestons le fait que l’entreprise ait décidé de filialiser une grande partie des activités de manière à réduire les effectifs. L’expérience montre que si on prend en compte l’ensemble des coûts de la sous-traitance, y compris ceux de la non qualité et de la perte d’image, cela revient, au final, plus cher à l’entreprise. D’un point de vue stratégique, cela conduit à suivre le modèle économique des concurrents. Or ces derniers n’ont pas la même vision que la nôtre héritée du service public, à savoir fournir un service de qualité au plus grand nombre.
Nous défendons cette vision ainsi que le maintien, voire le renforcement des effectifs. La dimension sociale doit avoir autant de considération que la dimension financière et stratégique.
Nous avons perdu 100 000 emplois à Orange depuis 2000. La déflation des effectifs et les nouvelles organisations du travail telles que le Flex Office permettent de réaliser des économies au détriment des personnels en dégradant les conditions de travail et le climat social.
Quelle est la position de FOCom sur l’écologie et l’environnement au sein du CA ?
Avec les enjeux climatiques, les entreprises du numérique ne peuvent pas avoir d’avenir ni une bonne image si elles ne s’engagent pas rapidement dans la neutralité carbone. Orange a manifesté cette volonté. FOCom veut s’assurer qu’Orange se donne réellement les moyens de la mettre en œuvre rapidement en s’appuyant le plus possible sur des énergies décarbonnées. Nous attendons des actions encore plus volontaristes. Le choix des équipementiers est également un facteur clé. Certaines ressources telles que les terres rares, les métaux précieux ne sont pas inépuisables et nous demandons qu’Orange aille plus loin dans sa politique de recyclage des terminaux et dans ses critères de choix d’équipementiers (fin de l’obsolescence programmée, matériel réparable et recyclable, politique de développement durable).
La position défendue par l’élu FOCom sur l’emploi
Nous avons perdu 100 000 emplois à Orange depuis 2000. La déflation constante des effectifs et les nouvelles organisations du travail telles que le Flex Office permettent de réaliser des économies au détriment des personnels en dégradant les conditions de travail et le climat social. Entre 2020 et 2022, la direction évalue qu’il y aura encore environ 7 000 ETPCDI en moins. L’hémorragie continue donc avec une accentuation de la sous-traitance et de la filialisation. Ainsi, depuis plusieurs années, les fermetures de boutiques Orange s’enchaînent à un rythme effréné, tout comme le transfert de ces boutiques de la maison-mère vers la filiale GDT (Générale De Téléphone) dont la convention collective, les salaires et les parts variables sont moins-disants. Les chiffres sont sans appel : en 2012, le réseau de distribution Orange comptait 1 123 boutiques au niveau national, dont 572 détenues par la maison mère alors qu’il n’en restera plus que 542, dont 219 en filiale, à fin 2021. Cette orientation stratégique, à visée purement économique, a déjà entraîné la fermeture de plus de la moitié des enseignes Orange, au détriment d’une proximité avec notre clientèle dans un environnement pourtant ultra-concurrentiel. FOCom dénonce cette politique de l’emploi qui fait peser une pression énorme sur les salariés en place victimes du déficit permanent entre les besoins et les emplois et dégrade la qualité de service. Nous réaffirmons notre exigence de conserver et de (ré)internaliser l’ensemble de nos activités. Il faut protéger l’emploi, le statut et développer la transmission du savoir. Orange doit recruter massivement en CDI pour faire face aux objectifs et aux enjeux stratégiques de demain.
Pour l’avenir d’Orange et de ses personnels
Nous veillerons à ce que les décisions prises au CA assurent l’avenir de l’entreprise et de nos emplois. Orange est un acteur clé de la souveraineté numérique et de la croissance de notre pays.
Elle doit conserver cette place stratégique qui crée emplois et richesse nationale, ce qui nécessite que l’État reste l’actionnaire de référence.
Les 6 raisons de voter FOCom
- Pour préserver l’avenir des personnels de la maison mère et des filiales, leurs statuts, leurs conditions de travail et leur rémunération.
- Pour favoriser l’emploi et la réinternalisation des activités stratégiques ou sensibles.
- Pour l’investissement dans les technologies de demain, la recherche, l’innovation et le développement de l’entreprise, plutôt que la distribution de dividendes.
- Pour une politique environnementale responsable basée sur le « Net Zéro carbone » et le développement des économies circulaires.
- Pour protéger Orange contre les décisions politiques et réglementaires qui lui sont défavorables.
- Pour empêcher les tentatives d’OPA, et sécuriser notre avenir.