Info Retraites 79
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Carroussel site federal(1)
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19 mars 2024Promise par le Président lors de sa campagne de 2017, repoussée en 2020 en raison de la crise sanitaire, puis abandonnée en 2022, le projet de loi sur le Grand Âge et l’autonomie est devenu une Arlésienne. En avril 2023, en plein conflit sur les retraites, afin de pallier cette promesse, le gouvernement lançait un projet de loi sur « la société du bien vieillir en France ». Dans un contexte tendu, l’examen de cette PPL (ProPosition de Loi) était discuté à l’assemblée nationale et adopté le 23 novembre dernier. Au cours des débats parlementaires, un amendement de l’opposition, voté par tous les groupes politiques de l’assemblée, précisait qu’une loi de programmation pluriannuelle définira d’ici la fin 2024 les moyens financiers et humains permettant d’assurer le bien vieillir des personnes âgées. La ministre de la Santé en poste, au nom du gouvernement, en prenait même l’engagement… Mais comme dit l’adage : « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » ! Lors de la présentation de cette loi au Sénat, le 30 janvier dernier, le gouvernement a une nouvelle fois renié son engagement par la voix de sa nouvelle ministre de la Santé, prétextant que « l’article 24 de notre constitution ne retient pas la notion de loi de programmation pour le secteur médico-social… ». Elle promettait toutefois, et c’est un euphémisme, qu’une loi simple serait prise pour le grand d’âge… sans pour autant en préciser les tenants et aboutissants. En un mot, circuler, il n’y a plus rien à voir ! Pas surprenant puisque lors de son discours de politique générale, le nouveau 1er Ministre n’a nullement évoqué de loi sur le grand âge, au grand désespoir des acteurs de la santé. Déjà peu ambitieuse, la proposition de loi sur le « bien vieillir », rebaptisée en décembre, juste pour la COM, proposition de loi «portant diverses mesures relatives au grand âge et à l’autonomie » a vu son contenu sévèrement amputé après son passage au Sénat. Ainsi, exit la mesure obligeant les EHPAD privés lucratifs à consacrer une partie de leurs bénéfices (jusqu’à 10 %) à l’amélioration de l’hébergement de leurs résidents, ainsi que l’obligation pour tous les EHPAD de communiquer à la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) le ratio du nombre d’encadrants rapporté au nombre de résidents. Terminée également la « Conférence nationale de l’autonomie », le scandale « Orpea » et, plus généralement, le constat de la financiarisation du secteur de la vieillesse, n’ont-ils donc pas suffit ? De même, sûrement pour éviter de «stigmatiser» les acteurs du secteur privé, l’ambition d’amélioration de la qualité des prestations et la transparence des EHPAD sont revues à la baisse. Depuis des années, les associations et les professionnels du secteur, les organisations syndicales, dont Force Ouvrière, répètent inlassablement que pour faire face aux besoins, il faut créer des dizaines de milliers de postes tant en EHPAD que pour le maintien à domicile. Dans ce sens, une loi de programmation pluriannuelle qui chiffre précisément les besoins était plus que jamais nécessaire. Pour Force Ouvrière, si le gouvernement a su programmer 413 milliards d’euros sur 7 ans (2024-2030) pour le budget des armées, il doit proposer et faire voter une Loi qui programmerait 10 milliards d’euros sur 5 ans pour la dépendance et donner les moyens financiers et humains pour l’appréhender. D’ici 2030, le financement de l’autonomie devrait, pour être à la hauteur des enjeux, s’élever à plus de 10 milliards d’euros ! Pour Force Ouvrière, la gestion de la perte d’autonomie est un enjeu social incontestable et personne ne peut se sentir immunisé face à ce risque. Le prévenir, le prendre en charge financièrement, garantir à chacun le droit de vivre décemment, ce n’est pas juste une question de solidarité mais toute la philosophie, le fondement de notre système de protection sociale. […]
19 mars 2024En 2023, suite aux élections professionnelles de fin d’année, la dynamique de développement s’est poursuivie à la Branche Télécom, notamment avec l’implantation de FO Com chez Centrapel (17,17 % des voix) et Protelco (11,66 %). Rappelons que Centrapel est située à Paris (tout comme Protelco) et fait partie des trois entreprises spécialisées dans le secteur des activités de centre d’appels chez Free, à l’instar de Certicall à Marseille (25,18 %) et Equaline à Bordeaux (33,65 %). Les élections professionnelles à Protelco (une autre filiale du Groupe implantée dans toute la France et regroupant plus de 1 500 salariés) marque également un tournant décisif pour FO, qui réussit de nouveau à s’implanter après quatre ans d’absence en devenant la 3ème organisation syndicale derrière la CFTC et la CGT. Les résultats révèlent une progression significative du syndicat FO Com qui s’impose désormais comme la deuxième organisation syndicale la plus importante du Groupe Iliad (Free) avec 31 %, juste derrière la CFDT. Une présence renforcée qui augure de nouvelles opportunités de négociations et de dialogue entre les représentants syndicaux de FO Com et la direction, ce qui pourrait favoriser une meilleure prise en compte des revendications au sein des différentes entités. Notons que la constitution d’une équipe unie et rigoureuse est fondamentale, que l’engagement de chacun est un élément déterminant en vue des élections professionnelles. Chacun a consacré du temps et de l’énergie en faisant preuve d’une réelle détermination pour mener à bien les actions nécessaires à la victoire électorale. Leur présence constante sur le terrain – mais aussi sur les réseaux sociaux – leur disponibilité et leur écoute active ont permis d’identifier les préoccupations des salariés et de leur apporter des réponses concrètes. Nous tenons donc à saluer le dévouement des équipes FO Com, animées par une volonté commune, qui ont su instaurer une cohésion et une solidarité sans faille, permettant d’établir une stratégie efficace durant toute la campagne électorale, de mobiliser les salariés et de faire voter massivement pour FO. On le sait pertinemment, aucune victoire ne peut s’obtenir autrement que par un travail constant sur le terrain. C’est ce qu’a su réaliser une nouvelle fois l’équipe FO Com chez Wifirst (un opérateur WIFI et Fibre pour les professionnels comprenant un effectif de 261 salariés), ce qui a abouti à 100 % des voix lors des dernières élections professionnelles de novembre 2023. FO y est présente depuis la création des IRP, notamment avec nos deux représentants dont l’ouverture d’esprit et leur souhait de faire évoluer le dialogue social dans la sérénité, ont favorisé l’aboutissement d’accords majeurs. Au fil du temps, l’équipe en place a réussi à tisser des liens forts et à créer une relation de confiance mutuelle permettant de mobiliser les salariés au moment des élections. L’importance d’avoir une équipe solide et engagée au sein des entreprises est un gage de pérennité pour FO. Elle démontre également qu’en rassemblant les salariés autour d’un objectif commun, FO a pu compter sur leur soutien et sur leurs votes massifs. Pour autant, ces victoires ne doivent pas être considérées comme une fin en soi. FO doit continuer à travailler dur pour répondre aux attentes des salariés et se développer afin de conserver sa représentativité au sein de la Branche des Télécommunications. Un credo auquel nous sommes particulièrement attachés et qui continuera de nous animer tout au long de cette année. […]
9 janvier 2024À la Branche Télécom, les Protocoles d’Accords Préélectoraux (PAP) se multiplient et ne se ressemblent pas. Ce document obligatoire à la mise en place des élections du Comité Social et Économique (CSE), négocié entre l’employeur et les organisations syndicales, est un préalable au bon déroulement des élections. Raison pour laquelle nous répondons à toutes les invitations lancées par les employeurs afin d’être présents dans l’ensemble des entreprises. À cet effet, rappelons que pour être représentative et donc pouvoir négocier au niveau de la Branche, une organisation syndicale doit obtenir 8 % des suffrages exprimés. Il est donc important – sinon primordial – d’être présent partout où nous le pouvons, quelle que soit la taille de l’entreprise. C’est ce que nous faisons à la Branche Télécom en répondant à toutes les sollicitations. Par ailleurs, nous sommes convaincus que l’action syndicale reste le seul moyen de pouvoir s’implanter et se développer efficacement. La rencontre des salariés à travers les multiples réunions que nous organisons au sein même des entreprises est un vecteur essentiel à la réussite de la mission que nous nous sommes fixés. Une implantation nouvelle, c’est une victoire de plus pour FO face au combat de plus en plus rude de certaines organisations syndicales prêtent à tout pour pouvoir se frayer un chemin à travers la Branche. Et parce qu’une victoire ne peut s’obtenir seul, nous tenons à remercier le Secteur Communication de la fédération pour la mise en page professionnelle des tracts, particulièrement appréciés des salariés que nous rencontrons au fil des élections. Une collaboration efficace à laquelle nous tenons et qui permet à la Branche Télécom de se développer efficacement dans le temps. […]
19 décembre 2023Cette Commission Exécutive Fédérale est non seulement la dernière de l’année 2023 mais aussi la dernière de la mandature avant la tenue de notre prochain Congrès Fédéral du 19 au 23 février 2024 à Bordeaux. Consciente du travail syndical effectué sur l’ensemble de ces plus de 4 années, elle salue l’engagement de ses militants qui n’ont eu de cesse de porter haut et fort les valeurs de notre syndicalisme. Cette année 2023 a concentré un nombre important d’élections notamment dans notre champ de syndicalisation ; il y a là un vrai enjeu de représentativité. Et si notre volonté d’améliorer nos résultats demeure, elle s’accompagne parfois de désillusions comme à Orange. A cette occasion, les membres de la Commission Exécutive Nationale rappellent que la représentativité ne se joue pas uniquement à l’heure des urnes, elle se construit sur le long terme avec de nouvelles implantations dans les unités et services, avec de nouvelles adhésions, avec notre capacité à faire aboutir nos revendications. Les résultats à DPD, Néolog, Docapost, Chronopost, Nouvelle attitude,Free Illiad et Wifirst sont porteurs d’espoir pour l’ensemble de notre structure syndicale. Après la journée du 13 octobre 2023 qui a réuni plus de 200 000 manifestants à travers la France, après la multiplication des mobilisations notamment en Finlande, en Italie, en Irlande, en Autriche, en Grèce, en Pologne, la CEN exige de la Commission européenne et du gouvernement français qu’ils renoncent au retour à l’austérité. Nous continuerons de combattre la fragilisation des droits sociaux et des services publics en totale contradiction avec les besoins massifs d’investissements publics pour assurer des transitions verte et numérique avec une vraie politique industrielle de relocalisations. Nous dénonçons le désengagement de l’Etat qui affaiblit le service public républicain et favorise la privatisation. La question du pouvoir d’achat et de l’augmentation des salaires reste toujours une urgence sociale. La CEN dénonce la smicardisation des salariés à travers des grilles de plus en plus tassées. Elle exige, avec la confédération Force Ouvrière, des négociations d’ampleur permettant de revoir cette politique d’exonérations sur les cotisations sociales qui profite tant au patronat, que pour toujours en bénéficier, son intérêt reste le maintien des salaires dans une fourchette basse (moins de 1,6 SMIC). Nous revendiquons le retour à l’échelle mobile des salaires qui garantit l’indexation de chaque échelon sur l’inflation. Quel intérêt a le patronat de négocier quand revaloriser les salaires lui fait perdre le bénéfice des allégements de cotisations sociales (80 Mds en 2022) ? Il faut dire stop à la hausse de la pauvreté. Selon les derniers chiffres de l’INSEE, le taux de pauvreté était de 14,5% en 2021 contre 13,6% en 2020. La CEN dénonce et condamne le désengagement continu de la sécurité sociale qui conduit à une augmentation prévisible des cotisations mutuelles. La CEN avec ses retraités revendique une première étape de rattrapage de pouvoir d’achat par l’augmentation immédiate de 10% pour toutes les retraites. Dans ce monde ou les revenus du travail sont mis sous pression, les conditions financières pour l’acquisition d’un logement met hors jeu les classes moyennes et les plus jeunes et les chasse des centres urbains. Pour les membres de la CEN, le sentiment de paupérisation de cette population relève d’abord de ce fardeau. Dans la suite du report de l’âge du départ en retraite à 64 ans dont nous continuons d’exiger l’abrogation,, les membres de la CEN dénoncent le projet du gouvernement en matière d’assurance chômage, en effet il entend faire passer le taux d’emploi des seniors de 60/64 ans de 33% à 65% d’ici 2030. Dans le même temps, il alignerait la durée d’indemnisation des chômeurs de + de 55ans sur celle des autres chômeurs soit les faire passer de 27 à 18 mois d’indemnisation. Les membres de la CEN se félicitent du résultat de l’action menée contre la tentative gouvernementale de ponctionner les réserves de l’AGIRC-ARRCO. Ce résultat est à mettre au compte de notre persévérance dans la défense du paritarisme. Dans le cadre de la remise à l’ordre du jour d’une loi de programmation sur le Grand âge et l’autonomie, les membres de la Commission Exécutive rappellent leur refus des profits sur la dépendance. Les activités liées aux projets de vie des personnes en perte d’autonomie ne doivent pas entrer dans une logique marchande et concurrentielle. Alors que les combats perdurent dans la bande de Gaza et que le nombre de morts ne cesse d’augmenter, les membres de la Commission Exécutive Nationale appellent à l’arrêt immédiat des combats pour un cessez-le-feu immédiat et définitif, que cessent les bombardements, que soit lever le blocus ! et réaffirment leur solidarité envers toutes les victimes ; de même ils réaffirment leur rejet de toute forme de racisme et d’antisémitisme. Ce jour, journée internationale des Migrants, avec la Confédération, la CEN FOcom revendique le retrait du projet de Loi immigration, inutile et dangereux.Adoptée à l’unanimité [Déclaration de la Commission Exécutive Nationale du 19 décembre 2023] […]
18 décembre 2023Aujourd’hui de nombreux retraités postiers expriment leurs exaspérations vis-à-vis de leur entreprise et plus particulièrement de sa banque, sa filiale : La Banque Postale ! En effet, ils ne pensaient pas qu’après avoir travaillé à La Poste durant des décennies, à contribuer à son développement, à assurer le lien social avec les citoyens, cette dernière leur monterait autant de déconsidération en supprimant toute forme de reconnaissance. C’est tout simplement méprisable ! Depuis juin dernier, les 170 000 retraités postiers ne décolèrent pas. Il faut reconnaître que la réception des différents courriers de La Banque Postale (ex CCP), leur signifiant la suppression, au 1er janvier 2024, des derniers avantages bancaires qu’ils bénéficiaient encore sur leurs comptes courants, est une décision insensée. Lorsque les retraités ont débuté à La Poste, domicilier leurs éléments de rémunération sur un Compte Chèque Postal (LBP aujourd’hui), n’était pas un choix, mais une forme d’obligation de leurs chefs de service. Dans le cadre de l’action engagée, depuis 2022, visant à rappeler à La Poste ses engagements en termes de reconnaissance, de considération envers ses postiers et notamment ceux à la retraite, Force Ouvrière est réintervenue, lors de son audience, le 30 octobre dernier, pour dénoncer cette attitude et cette décision inacceptable. Au cours de cette rencontre auprès de la DRH du Groupe La Poste, nous lui avons remise une première série de 1400 signatures de retraités et futurs retraités, dénonçant cette décision et réclamant le maintien d’une reconnaissance,. Nous estimons, qu’en tant qu’entreprise qui se veut « sociale et citoyenne » La Poste et sa banque, doivent accorder à leur personnel cette reconnaissance que certaines entreprises pratiquent, même lorsque leurs salariés partent en retraite. Ce n’est pas en spoliant ses retraités que La Poste améliorera sa trajectoire financière, et limitera les effets de l’application de la réforme des retraites. Le remède qu’elle veut appliquer ne peut qu’aller à l’encontre du but recherché. Nous pensions avoir été entendus ! Face au silence de La Banque Postale, nous avons élaboré, fin novembre, une lettre des retraités et futurs retraités postiers à destination du Président de La Poste et de La Banque Postale. Elle doit entendre et comprendre, qu’en supprimant ce lien avec ce qui fut pendant plus de quarante ans leur seule banque, elle libère les postiers retraités de leur modèle économique, mis à mal, lui aussi, par le contexte invoqué dans ses courriers. À défaut de toute reconnaissance, ne voulant plus être une charge pour La Poste, les retraités pourraient se tourner vers d’autres banques plus réceptives à leurs intérêts particuliers et financiers. Force Ouvrière entend poursuivre son action afin que La Poste redonne aux postiers toute la considération qu’ils sont en droit d’attendre ! Paris, le 15 décembre 2023 Christine BESSEYRE Secrétaire Générale […]
9 octobre 2023FO constate et déplore malheureusement une nouvelle fois que le conflit et les violences l’emportent entre Israël et la Palestine. A nouveau, FO en appelle à ce que la communauté internationale agisse effectivement pour que cessent immédiatement les violences dont sont principalement victimes les populations civiles, les travailleurs et leurs familles dont beaucoup d’enfants. Un cessez- le-feu immédiat, l’arrêt des hostilités et l’établissement des conditions assurant à la population de vivre en sécurité et d’accéder aux besoins fondamentaux (soins, alimentation, logement) sont indispensables. Avec la Confédération Syndicale Internationale, FO considère que la solution acceptable et durable est la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies et le lancement de négociations pour l’établissement des conditions économiques et sociales indispensables à la coexistence pacifique et en démocratie des États israéliens et palestiniens. Communiqué de presse FO – Israel – Palestine – Cessez-le-feu immediat […]
DOSSIERS
19 mars 2024Le modèle d’organisation et de gestion des emplois à La Poste, qui représente à lui seul un processus alambiqué de développement pour l’entreprise, est en voie de cristalliser de fortes tensions au sein de la Branche Services Courrier Colis. Au fil du temps, les nouvelles organisations et technologies ont renforcé la flexibilité et ont contribué à la remise en cause permanente de l’emploi. Cette quête d’agilité démontre que La Poste est entrée dans une nouvelle phase : plus de productivité pour davantage de profit au détriment de la qualité de travail et de vie des postières et postiers. L’appauvrissement de la qualité de l’emploi engendré par ses techniques laisse une entreprise boiteuse à l’égard des recrutements, les conditions de travail vont de mal en pis et l’absentéisme atteint des taux records. Les gains de productivité sont colossaux et même si l’idée d’évolution de l’entreprise vis-à-vis du marché paraît logique pour la rendre compétitive et préserver l’emploi, la méthode employée pour « organiser » va toujours plus loin et de plus en plus souvent, trop loin. Au sein de la BSCC, les militants FO Com œuvrent d’arrache-pied pour suivre et agir sur les différentes dossiers consécutifs à des réorganisations. Chronique des formules auxiliaires Les annonces de la baisse de trafic Courrier ont commencé à émerger dans les années 2000. Pourtant en 2004, La Poste lançait son plan Cap Qualité Courrier (CQC) visant à refonder son schéma industriel du traitement du courrier, à restructurer ses centres et les emplois. Sur les 3,4 milliards d’euros prévus pour cette évolution drastique, seuls 800 millions étaient consacrées aux personnels (le volet social). La philosophie du projet était de moderniser l’outil de travail pour rester compétitif et a eu pour conséquence d’institutionnaliser les réorganisations dans tous les sites de la BSCC. Jusqu’en 2010, la baisse affichée du volume du courrier s’élevait à 1 % par an. Entre 2000 et 2008, 4 % des tournées disparaissent, le management se durcit en se concentrant essentiellement sur les résultats de façon si brutale que La Poste a été endeuillée d’une vague de suicides, suspendant inévitablement les réorganisations, le temps que Monsieur KASPAR rende son rapport. Un des points portait sur les effectifs : DESSERRER LES CONTRAINTES SUR LES EFFECTIFS « Il conviendrait donc, selon nous, de desserrer temporairement les contraintes sur les effectifs, pour permettre une nécessaire respiration pendant la mise au point des nouvelles méthodes de conduite du changement. L’ordre de grandeur de ce « desserrement » pourrait être déterminé par la sanctuarisation du volume d’emplois représenté par les charges syndicales et les absences pour formation. Ce volume pourrait être transformé en embauches sur deux ans, (…) Il va en découler que les organisations seront stabilisées 24 mois. » Pourtant, les chiffres parlent : En 2014, il restait 58 000 tournées (source : Cour des comptes) alors qu’en 2000 on en comptait environ 77 000, soit environ - 25 %. Alors si l’on prend comme indicateur qu’une tournée pèse 1 000 plis, entre 2000 et 2014, cette tournée, au regard des baisses de courrier annoncées, aurait perdu 345 plis. Mais, il s’agit uniquement du courrier car parallèlement, les colis, les objets suivis et le courrier publicitaire adressé vont peu à peu transformer la sacoche du facteur. D’ailleurs dans son rapport publié en 2020, la Cour des comptes décrit cette transformation : « Inversement, les volumes des colis connaissent un net essor grâce à la croissance du commerce en ligne, avec 11,0 % de hausse en moyenne par an de 2014 à 2018 (dont + 27,4 % pour les petits paquets internationaux, dits PPI), pour les seuls opérateurs postaux autorisés auprès de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). L’ensemble des branches du groupe a distribué plus de 1,6 milliard de colis dans le monde en 2018, dont près de 600 millions en France, ce qui représente environ la moitié du marché hors PPI. Les volumes distribués en France par le Groupe La Poste se partagent à parts à peu près égales entre d’une part les entreprises sous-traitantes, d’autre part les facteurs ou les postiers livreurs, qui ont donc distribué un quart des colis livrés en France. » Une grande partie de ce trafic nécessite la présentation au client et un tracking (utilisation du Factéo) donc une nette augmentation du temps de livraison. Or, dans les organisations, ce temps est évalué à 0,30 à 0,75 centièmes de seconde par colis remis en main propre. La Poste décrète qu’on comptabilise 0 seconde s’il y a moins de 2 objets ordinaires à mettre dans la boîte et 2,8 centièmes à partir de 3 objets. Nous ne rentrerons pas dans le détail très technique du taux de visite qui vient plus que pondérer le nombre d’objets par foyer ! « Par ailleurs, le nombre de boîtes aux lettres de particuliers desservies par les facteurs continue de progresser, en lien avec l’augmentation du nombre de foyers en France : il est ainsi passé de 36,5 millions à 38,1 millions entre 2014 et 2018. En outre, si le volume du courrier traditionnel diminue, les colis, petits paquets internationaux et plis Chronopost distribués par les facteurs sont plus nombreux. Le nombre de Colissimo distribués par les agents de la Branche Services-Courriers-Colis (BSCC) a ainsi progressé de plus de 19 % entre 2014 et 2018, passant de 211 à 251,6 millions. Toutefois, cette progression a été loin de compenser la perte de chiffre d’affaires résultant de la baisse du courrier. » Il faut également souligner que le mode de consommation des français a changé, ces derniers privilégiant la vente en ligne. Si effectivement, les foyers ne reçoivent quasiment plus de courriers, les colis et objets suivis constituent la grande part de la sacoche du facteur. Cependant, le mode de calcul prôné par les systèmes d’information demeure insensible à ce changement sociétal. Un autre point important : la volonté de l’entreprise est de se tourner vers les services à la personne. Il s’agit là d’une intention louable car notre modèle de production sanctuarisant une personne par secteur apporte de la confiance. Mais c’est sans compter que les réorganisations sont pensées sur le terrain autour de trois axes, qui excluent les prestations en général. Quels sont ces 3 axes ? Cœur de métier : le courrier Impératif économique : productivité anticipée Cadre légal : distribution et collecte 6 jours sur 7 des envois postaux Cœur de métier : Le courrier La distribution du courrier est au centre des réorganisations. Obtenir des chiffres précis du nombre d’objets suivis et de colis est un travail compliqué, alors que l’obtention du nombre de plis est plus naturelle. Les bordereaux remis aux facteurs lors des diagnostics en sont une preuve. Pourtant, ceci ne constitue plus la majeure partie de leur sacoche. Source : Cour des comptes d’après données de La Poste. Les volumes pris en compte sont les envois de correspondance, y compris flux outre-mer, plis élections et correspondances import, hors presse abonnée. Ainsi, les colis ont augmenté d’environ 64 % entre 2015 et 2022 pour atteindre 455 millions en 2022. Même si une partie de la distribution des colis est prise en charge par COLISSIMO, la mojorité l’est par la BSCC. Leur distribution est plus complexe donc plus longue. Nous ne pouvons pas être aussi précis quant au nombre d’objets suivis dans la mesure où aucun chiffre officiel n’est donné. Toutefois, il est reconnu que les objets tracés rencontrent un vrai succès. Nous savons que La Poste a la capacité de prendre des contrats spécifiques mais malheureusement, les organisations sont si tendues qu’elles ne peuvent être effectuées par les facteurs. Ces prestations devraient être prises en charge par des Facteurs Services Experts (FSE). Pourtant en raison des vacances d’emplois notamment, elles sont exécutées très souvent par l’encadrement voire des intérimaires. Le Siège, à travers ses discours et ses communications est convaincu que ces services vont se développer. Néanmoins, force est de constater que l’évolution du chiffre d’affaires n’est pas à la hauteur de l’ambition dévoilée. Par ailleurs, le discours reste dissonant pour les facteurs, puisque qu’on appuie encore et toujours au même endroit, sur le cœur de métier qu’est la distribution : les contrats d’embauche et la formation en sont les preuves ! De plus, la prestation n’étant jamais intégrée dans la tournée, elle est ressentie plus comme une contrainte que comme un axe de développement et une pérennisation de son emploi. Au même titre, l’action commerciale demandée aux facteurs exige du temps, comment est-il intégré ? Mystère ! Impératif économique : Production anticipée Certes, chacun a bien conscience que la baisse du volume du courrier a un impact grave sur le modèle économique de la branche. La Poste a tenté de faire baisser les coûts fixes, notamment : En travaillant sur l’adressage, point noir des zones rurales. Mais pour cela il faut une volonté politique, ce qui demeure une action longue. Il faut également que le particulier alerte ses expéditeurs de son changement d’adresse, action sur laquelle les facteurs n’ont aucune maîtrise. En travaillant sur les gestes professionnels comme la fusion. Malheureusement, plusieurs points rendent souvent impossible ce geste professionnel. Par exemple, des défauts dans l’ordonnancement de la tournée (TCD) ou encore la « bi QL » fusionnant deux tournées dans une même caissette. Cadre légal : Distribution et collecte 6 jours sur 7 Si l’on s’en tient aux textes, nous devons élaborer des organisations qui permettent aux français de recevoir les envois postaux du lundi au samedi quelle que soit leur localisation géographique. Or, FO Com a fait remonter la constante dégradation de ce service concrétisée par : La disparition institutionnalisée des courriers « timbre rouge ». La distribution dégradée du samedi. La mise en place du casier 5 colonnes qui grave dans le marbre des distributions alternées donc non quotidiennes. De fait, les tournées sont lestées à loisir faisant fi de la réalité du terrain. Enfin, contrairement à ce qui est affirmé par la gouvernance, le peu d’autonomie laissé aux établissements ne permet pas aux organisations de s’adapter aux réalités du terrain. En effet, les productivités attendues sur les territoires sont prédéterminées par les CAP (à savoir les budgets alloués aux Directeurs d’Établissement). D’ailleurs quel que soit le résultat des diagnostics, l’établissement doit s’adapter à la feuille de route. En conclusion Les effectifs ont régressé drastiquement à la BSCC. En 2012, il y avait 154 078 postiers à la BSCC, on en compte désormais 101 166 ; entre 2014 et 2022 nous sommes passés de 58 000 tournées à environ 42 000 en 2022 (soit - 34 %). Pourtant le nombre de kilomètres à parcourir quotidiennement, même avec la rationalisation des itinéraires, n’est pas proportionnel. Dans son rapport de 2020, la Cour des comptes écrit : « Les effectifs permanents de facteurs, au nombre de 64 156 équivalents temps plein en 2018, ont diminué de plus de 10 % depuis 2014, étant précisé que les contrats courts ont parallèlement progressé, en passant de 8 % à 13 % de l’effectif total. La masse salariale des facteurs (2,5 Mds€ en 2018) a diminué de 5,1 % sur cette période. » Il y a des signaux à considérer : La Poste n’arrive plus à embaucher. La précarisation des emplois a un impact considérable sur la qualité que nous devons à nos clients et la mutualisation de nombreuses fonctions à l’opérationnel fait aussi apparaître une baisse constante de l’encadrement. De nombreux paramètres font barrage à l’embauche de nouveaux agents. Nous avons dénoncé les salaires bien inférieurs à ceux du privé, le système managérial détérioré par des injonctions contradictoires et les pressions constantes pour obtenir des résultats, comme imposer les pauses méridiennes sur tout le territoire puis les interdire ou mettre en place des îlots avec distinction TI/TE puis revenir sur le modèle… À la liste des incohérences, on peut également ajouter : La non-prise en compte des heures supplémentaires des agents quel que soit leur grade ou leur fonction au prétexte qu’ils ne « savent pas s’organiser » ou que leurs gestes professionnels dégradent la cadence imposée par l’entreprise. Le manque d’évolution professionnelle aggravé par la disparition programmée des Responsables d’Équipe par exemple. La fusion des territoires qui oblige à être groupe B pour diriger un établissement empêchant une évolution douce dans le management. La mutualisation des établissements qui met à distance les CODIR de leurs équipes sur le terrain. Alors que l’établissement devait être le socle décisionnel, beaucoup de directeurs dénoncent le manque d’autonomie grandissant ; ce qui peut paraître paradoxal quand vous souhaitez développer les équipes autonomes. À priori, on pourrait penser que leur mise en place devrait effectivement permettre l’épanouissement de chacun, mais la philosophie de ce système repose obligatoirement sur le déploiement de ce mode de fonctionnement sur toute l’entreprise. FO Com est convaincue que l’unique but est de faire des économies sur la masse salariale. Sans compter que ce modèle managérial s’oppose diamétralement au schéma tayloriste des organisations dont la base est le chronométrage des activités. Les premières conséquences que nous avons dénoncées et que nous dénonçons toujours, sont la dégradation du climat social provoquant des conflits, des départs de l’entreprise et plus grave encore, des problèmes de santé mentale et physique. Tout ceci, nous rappelle de mauvais souvenirs, notamment ceux de 2012, qui ont conduit à une crise sociale sans précédente. L’intervention des syndicats conduira La Poste à s’interroger sur son management et ses process organisationnels au travers du rapport Kaspar. Pour tout cela FO Com dit STOP AUX RÉORGANISATIONS ! Depuis toujours, avec l’appui de FO Com, les postières et les postiers s’organisent aussi. Après un conflit de 43 jours, les postiers de la PDC de Millau ont fait preuve de détermination contre l’instauration d’une nouvelle organisation. Ce piquet de grève a permis entre autres la création de 3 CDI sur le site de Millau et 1 sur l’établissement de Saint-Affrique, la suppression de l’expérimentation ROP, 10 agents identifiés comme moyen de remplacement, le respect de leur fiche de poste. Cette lutte exemplaire a permis aux postières et postiers impactés par cette réorganisation d’inverser le rapport de force et d’arracher des revendications pour l’amélioration de leur qualité de vie au travail. À l’appel de FO en 2019, une quarantaine d’agents ont lancé une grève illimitée sur les centres de courrier de Candé (100 % de grévistes) et Segré (50 % de grévistes). Les agents s’opposaient à la nouvelle organisation du temps de travail mise en place, qui a engendré un manque d’effectifs (perte de 5 tournées sur Candé et de 4 tournées sur Segré), une dégradation des conditions de travail et du service rendu aux clients ainsi qu’une souffrance quotidienne au travail. FO a été reçue par la direction de l’établissement et a obtenu la révision de la totalité des tournées sur le site de Candé, du renfort sur la peak period, la prise en charge des agents les plus en difficulté, l’arrivée plus tôt du camion sur les deux sites, et, sur une période transitoire, l’arrivée des bacs courrier pré-triés par tournée. La Poste obligée de revoir sa copie en Guadeloupe La méthode d’un projet de réorganisation a mis le feu aux poudres, en déclenchant une grève durant 5 jours. Près de 600 postiers se sont réunis autour du même cahier revendicatif et ont obtenu satisfaction sur 10 thèmes. L’accord avait prévu entre autres la création immédiate d’une centaine de postes en CDI pour une grande majorité et l’arrêt des recrutements en intérim, le maintien des bureaux de poste de plein exercice et l’interruption des réorganisations pendant 6 mois, la formation des postiers pour développer leurs compétences et la fin des pressions managériales. Plusieurs heures de négociations ont été nécessaires pour qu’un protocole de fin de conflit puisse voir le jour. […]
19 mars 2024En cette journée internationale des droits des femmes, FO Com rappelle que l’égalité salariale, le temps partiel, la santé au travail, l’articulation entre vie professionnelle et vie privée, la parentalité, les stéréotypes sont des sujets plus que jamais d’actualité. Pour faire de ce 8 mars, la journée du respect de l’autre, FO Com a appelé chacune et chacun à faire partie de conférences, débats et activités autour du thème de l’égalité femme-homme, organisés partout en France et dans le monde. Plus qu’un symbole, l’égalité constitue une nécessité. Sans le principe d’égalité, il ne saurait y avoir de justice sociale. Du nouveau pour atteindre l’égalité Le 7 juin 2023, une directive européenne s’appliquant au secteur privé comme au public a vu le jour. Les États membres ont 3 ans pour la transposer en droit interne. Il s’agit d’une étape déterminante pour parvenir à nos revendications en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Cette directive condamne l’écart persistant de rémunération, apporte des droits individuels et collectifs nouveaux. Pour rappel, la France connaît des écarts bien plus importants que la moyenne européenne. La cause est un manque général de transparence sur les rémunérations, la non-application du principe « à travail égal, salaire égal » et une difficulté d’accès à la justice pour faire valoir ses droits. La directive remet en question l’index égalité, inopérant après 5 ans d’application, avec la mise en place d’une évaluation paritaire permettant de recenser les différences de rémunération injustifiées. Sans pondération, il s’agit de comparer toute la rémunération et tous les salaires à travail égal ou de valeur égale. Pour tout écart de rémunération injustifié d’au moins 5 % et dont les corrections n’interviendraient pas au bout de six mois, une évaluation plus fine devra être menée afin de le corriger définitivement. Garantir la dignité et la liberté des travailleurs quel que soit leur sexe est un combat partagé et clamé par FO depuis toujours. Nos objectifs n’ont pas changé : nos employeurs doivent être face à une obligation de résultat plutôt qu’une obligation de moyen. Notre engagement est quotidien pour agir sur des mesures correctives à même de gommer les effets négatifs du temps partiel, de faciliter l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, de lutter contre les discriminations. La sur-cotisation des employeurs en matière de retraite permettrait notamment aux femmes en temps partiel subi, d’améliorer les conditions de liquidation de leurs droits. Pour FO Com, cette directive est l’occasion de faire un pas de plus, de poser des appuis solides pour l’égalité professionnelle et salariale. Servant de base à la négociation collective, nous continuerons d’être force d’analyses et de propositions pour enfin atteindre une réelle égalité de rémunération entre les femmes et les hommes. Pour FO Com, les victoires revendicatives se concrétiseront via la négociation et l’action syndicale quotidienne. Nous persistons à mener cette lutte pour l’égalité professionnelle, pour la défense et l’intérêt de l’ensemble des salariés, puisque la réduction des inégalités bénéficie à tous les travailleurs. […]
9 janvier 2024Le chemin menant au respect du droit de l’Union par la France est un chemin ardu, long et pénible. Pour donner un exemple, entre l’arrêt Tyco, sur le temps de trajet des travailleurs itinérants de 2015 et sa mise en œuvre par le juge français, il a fallu 8 ans. L’Europe adopte des directives. Ce sont des textes qui définissent les objectifs à atteindre, mais laissent aux États le choix de les faire appliquer. C’est donc chaque été que va être adopter un texte qui transposera les objectifs de la directive dans son droit interne. Un particulier, qu’il soit salarié ou fonctionnaire, le droit européen ne distinguant pas entre les deux, ne peut pas invoquer une directive, mais uniquement la loi qui l’a transposée. Le hiatus est donc ancien, entre la conception européenne des congés, et la conception française. Le 17 juillet, l’État Français a été condamné. C’est la Cour administrative d’appel de Versailles, formation plénière, 17 juillet 2023, n° 22VE00442 qui vient rappeler que le retard de transposition d’une directive européenne est susceptible d’engager la responsabilité de l’État en réparation du préjudice moral subi de ce fait par les salariés. Deux mois après, la Cour de cassation est venue en tirer les conséquences. Dans plusieurs arrêts, rendus en tir groupé le 13 septembre, elle écarte des articles du Code du travail comme étant contraires à cette directive (Cass. soc., 13/09/2023, n°22-17340 à n°22-17342 ; n°22-17638 ; n°22-10529 et n°22-11106). La différence, c’est qu’ici, ces arrêts sont directement invocables devant le juge par les salariés. Quels sont les 3 points abordés dans ces arrêts ? Le Code du travail dit qu’un salarié en congé de maladie, ou victime d’un accident n’acquiert pas de droit à congé pendant cette période. La Cour de cassation, eu égard à l’article 31§2 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, sur le droit au repos, écarte les dispositions du droit français qui ne sont pas conformes au droit de l’Union européenne. Ainsi, elle juge que les salariés atteints d’une maladie ou victimes d’un accident, de quelque nature que ce soit (professionnelle ou non-professionnelle) ont le droit de réclamer des droits à congé payé en intégrant dans leur calcul la période au cours de laquelle ils n’ont pas pu travailler. Le second point du Code du travail dispose que si un salarié est en accident du travail il acquiert bien des congés, mais en application du droit français, ce calcul ne pouvait pas prendre en compte plus d’un an d’arrêt de travail. La Cour de cassation, toujours eu égard à l’article 31§2 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne sur le droit au repos, écarte les dispositions du droit français qui ne sont pas conformes au droit de l’Union européenne. Ainsi, elle juge qu’en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle, l’indemnité compensatrice de congé payé ne peut être limitée à un an et que le calcul doit se faire sur l’intégralité de la période d’arrêt. Le troisième point est de savoir quel est le point de départ de la prescription d’une demande d’indemnité de congé payé (ICP). Le droit français fixe à 3 ans le délai de prescription des sommes de nature salariale, dont fait partie l’ICP. La Cour de cassation a ici un raisonnement en deux temps : elle rappelle d’abord qu’il existe une période déterminée au cours de laquelle le salarié doit prendre ses congés payés. Ce n’est que lorsque cette période s’achève que commence à courir le délai de prescription de l’indemnité de congé payé. Mais elle ajoute ensuite qu’en application du droit de l’Union, le délai de prescription de l’indemnité de congé payé ne peut commencer à courir que si l’employeur a pris les mesures nécessaires pour permettre au salarié d’exercer effectivement son droit à congé payé. Dans cette affaire, la salariée n’a pas été en mesure de prendre des congés payés au cours de ses 10 années d’activité, puisque l’employeur n’avait pas reconnu l’existence d’un contrat de travail. Dès lors, le délai de prescription ne pouvait pas commencer à courir. À partir de quand ces décisions devraient s’appliquer aux entreprises ? En théorie, les jurisprudences de la Cour de cassation sont rétroactives. Elles s’appliquent dès qu’elles sont publiées et sont rétroactives, donc s’appliquent aux litiges nés ou à naître et non encore prescrits. Il est donc clair que la 3e jurisprudence, qui lie la prescription au fait d’avoir mis en capacité le salarié d’exercer son droit à congé va beaucoup inquiéter les entreprises, puisqu’elles n’ont jamais mis en capacité les salariés concernés de bénéficier d’un droit qui ne figurait nulle part à ce moment. On a donc une forte probabilité que le patronat réveille le gouvernement pour que soit pris le plus vite possible un texte pour remettre le droit interne en conformité avec le droit de l’Union, tout en limitant les effets dans le temps (ce que le droit de l’Union n’interdit pas). Donc, en théorie, un salarié concerné pourrait agir tout de suite devant le juge, mais le risque est de voir arriver, alors que son affaire est en cours, une loi qui, s’imposant au juge, viendra limiter ou annihiler ses prétentions. Il semble donc plus prudent de passer par une voie non-contentieuse, soit individuelle via une requête aux services RH, soit collective via la négociation d’un accord qui permettra de sécuriser la situation. Depuis le 1er juillet 2021, à la naissance d’un enfant, le père ou le second parent bénéficie désormais d’un congé de paternité et d’accueil de l’enfant de 25 jours et de 32 jours en cas de naissance multiple (contre 18 jours auparavant). À cette période, s’ajoute également les 3 jours de congé de naissance ce qui porte la durée totale du congé à 28 et à 35 jours. Ce congé fut pourtant un long combat débuté dès les années 40. Seulement 3 jours étaient accordés pour les nouveaux père et les années passèrent sans réelle évolution. En 2001, il est porté à 11 jours consécutifs à prendre dans les mois suivant la naissance. En 2021, 71 % des pères éligibles au congé paternité ont pu bénéficier de ce droit de près d’un mois. Pour FO, l’allongement de la durée du congé paternité permet aux pères et au second parent de mieux appréhender la venue d’un enfant. Il est essentiel pour le bien-être et le développement de l’enfant, c’est pourquoi, il est indispensable qu’il soit pris intégralement. Pour FO, si l’allongement de ce congé est une bonne chose pour replacer la France dans la moyenne des pays européens, cela reste insuffisant pour réellement atteindre l’égalité femme – homme. […]
9 janvier 2024Parce que la compréhension du monde du travail, ses enjeux, ses défis à relever et ses solutions potentielles, dépend d’une vision structurelle de la société́ et d’une réflexion commune, notre syndicalisme libre et indépendant permet de renforcer et de fédérer les luttes sociales face à l’asymétrie du rapport de force entre salariés et détenteurs du capital, face à l’obstination des gouvernements. Parallèlement à des négociations collectives efficaces, les salariés doivent prendre conscience de la nécessité de changer l’équilibre du pouvoir par l’adhésion syndicale ou par les mobilisations contre la remise en question de leurs droits. Les syndicats doivent être à la table des discussions et surtout des négociations. Les négociations collectives améliorent les normes en faisant progresser la justice sociale et économique, en réduisant les inégalités C’est le message donné lors du dernier congrès mondial d’UNI Global Union ces derniers jours d’août. Malgré le recul des négociations observées ces dernières années, un changement s’opère, faible chez certains, fort chez d’autres. D’un côté le taux de syndicalisation a diminué de moitié pour être à 16 % en 2020 mais aujourd’hui, les effectifs syndicaux totaux augmentent. Le taux de syndicalisation est plus élevé chez les femmes. Le nombre de travailleurs couverts par une convention collective a baissé de 37 % en 2000 à 32 % en 2020. Dans les pays où la négociation sur le lieu de travail ou dans l’entreprise est la norme, la couverture moyenne est de 16 % contre 72 % lors de négociations avec plusieurs employeurs ! Pour autant, en Ouganda, Jane KATUSABE a réussi le pari de faire adopter une convention collective chez Carrefour couvrant 7 magasins, plus de 500 travailleurs dont près de 300 syndiqués ! La baisse des effectifs syndicaux n’est pas le reflet d’une perte d’intérêt pour le syndicat mais une volonté délibérée de diluer la négociation sectorielle, à réduire les droits du travail, à démanteler les syndicats. Le e-commerce dans sa course au moins-disant dans la chaîne d’approvisionnement ou les lois de représentativité française en sont des exemples. Aujourd’hui encore, à l’heure où les ventes en ligne connaissent un surcroît d’activité, que l’économie mondiale rencontre un problème de sourcing, en matières premières comme en main d’œuvre et que la demande est extrêmement variable, la supply chain* est plus que jamais au cœur des tensions. La livraison, en tant que dernier point de contact client dans le tunnel de vente, fait de la logistique la clé de voûte de la satisfaction client. Les millenials et la génération Z sont les consommateurs qui centralisent désormais l’attention du commerce mondial et parmi leurs attentes, certaines ne peuvent être atteintes que par « une logistique efficiente ». Ainsi, instantanéité, personnalisation, éthique et éco-responsabilité, le tout au juste prix, sont les mots-clés qui doivent guider les parcours client. C’est « je veux mon paquet maintenant ». Mais cette tendance a un coût notamment pour les travailleurs, celui de l’utilisation par les entreprises de la sous-traitance. Cet outil permet aux entreprises de réduire leurs coûts mais depuis quelques années, la tendance est à la sous-traitance de la sous-traitance jusqu’au faux auto-entrepreneur. * supply chain : correspond aux différentes étapes liées à la chaîne d’approvisionnement, de l’achat des matières premières à la livraison d’un produit ou service. Le vent en poupe par grande marée À contrario, le soutien de l’opinion publique aux syndicats est croissant : aux États-Unis, 71 % de la population se déclare favorable aux syndicats, notamment chez les jeunes, la génération Z. Le nombre record de travailleurs en témoigne lors des grèves au Royaume-Uni, en France ou encore en Allemagne. Partout ailleurs, le taux de syndicalisation a augmenté, de 10 % au Népal, la Turquie atteignant 13 %. La négociation collective permet un taux d’emploi plus élevé, une meilleure intégration des groupes vulnérables et à moins d’inégalités salariales. De nombreux économistes et institutions politiques, traditionnellement hostiles aux syndicats, reconnaissent aujourd’hui l’importance de leur rôle. C’est le cas de l’OCDE dès 2022 qui a déclaré que «  le renforcement de la négociation collective est essentiel pour assurer une répartition équitable du choc de l’inflation entre les travailleurs et les employeurs ». La mondialisation ne peut être qu’économique, elle doit être sociale Concernant le juste partage des richesses, les combats sont bien identifiés. FO dénonce la faiblesse des dispositions de contrôle et le maintien de dispositifs d’optimisation qui favorisent l’évitement fiscal. De plus, les aides accordées aux entreprises sans contrepartie sur les salaires ou l’emploi viennent s’additionner aux différentes politiques d’austérité. La situation actuelle est à l’évidence caractérisée par une répartition profondément inéquitable du rapport de force qu’il soit entre employeurs et salariés, ou entre citoyens et gouvernants. Sans compter les scandales financiers, la spéculation et les profits financiers qui sont à des niveaux records. Cette évaporation des richesses se fait au détriment de l’accès à une protection sociale pour tous, de l’investissement dans les infrastructures et services publics. L’Union européenne a reconnu l’importance d’étendre la couverture des négociations collectives dans la récente directive sur le salaire minimum. Ces évolutions confortent le choix de FO Com d’être partie prenante dans des négociations avec des multinationales comme Orange ou Geopost (négociation d’un avenant à l’accord mondial de 2017) ou encore au niveau européen au sein de la Conférence Européenne des Syndicats avec la négociation d’un accord sur le télétravail et le droit à la déconnexion devant aboutir à une directive européenne. Nous sommes dans un tournant où les salariés se constituent en syndicats chez Amazon, Starbucks, etc., manifestent pour leur droits (personnel d’entretien, écrivains face à l’Alliance des producteurs de cinéma et de télévision). Il est temps de prendre le virage car comme le disait un sénateur américain, « le changement c’est maintenant » ! L’évolution des entreprises logistiques dans le monde Avec les nombreux confinements, la crise sanitaire a permis un développement sans précédent du e-commerce et des entreprises multinationales de logistique. Avec l’inflation et la crise géopolitique, le trafic s’est stabilisé et progresse plus lentement que prévu mais il est toujours en croissance par rapport à 2019. Cet accroissement de colis a permis de pallier partiellement à la chute du trafic courrier des postes historiques dans le monde. À UNI Poste et Logistique et au sein de l’instance du dialogue social postal Européen, FO Com veille aux conditions de travail de tous les salariés et nous demandons que le devoir de vigilance soit respecté dans tous les pays. Ces entreprises de logistique emploient trop de personnel sous-traitant et FO Com, lors des discussions dans les instances de l’UNI, demande régulièrement la diminution de la sous-traitance et l’internalisation d’emploi à temps complet. C’est pour ces raisons qu’UNI avec les entreprises DHL et DPD Geopost ont contracté des accords. En Allemagne avec DHL, UNI a mis en place un protocole en 2017, renouvelable tous les trois ans. Il tient compte des répercussions de la nouvelle législation allemande sur le devoir de vigilance et les derniers défis du secteur. Ce travail permet de réduire les inégalités entre travailleurs et de négocier des conventions collectives pour protéger les salariés. Avec Amazon, ce genre de négociations est encore impossible, ce géant continuant d’engranger d’énormes bénéfices sans se soucier du bien-être et des salaires de ses personnels. À DPD Geopost, FO Com et les autres syndicats français affiliés à UNI ont entamé des négociations sur un nouvel avenant à l’accord mondial signé en 2017. Cet avenant a pour objectif de prendre en compte le développement de l’entreprise, son expansion rapide en externe afin de devenir un leader mondial de la logistique, et son recours à la sous-traitance (80 % des livraisons au niveau mondial). L’objectif est aussi de pouvoir créer des syndicats dans les filiales de DPD Geopost, actuellement dans la filiale JadLog en Amérique du Sud, également en Asie dans l’entreprise Ninja-Van pour construire un dialogue social pour défendre les travailleurs. DPD Geopost est la première entreprise logistique à avoir engagé des actions contre la décarbonisation, sa trajectoire zéro émission nette d’ici 2040 a été approuvée par l’initiative Science Based Targets (SBTi). Par contre, DPD Geopost n’est pas majoritaire dans toutes ses filiales mondiales, donc il leur est souvent difficile de contrôler le bon fonctionnement de leur dialogue social. Cet avenant à l’accord mondial devrait aboutir à une signature avant fin 2023. Pour FO Com, cet avenant est important, il permettra d’avoir des indicateurs chiffrés et précis sur le respect du devoir de vigilance lors des prochaines commissions de suivis annuelles et d’améliorer les conditions de travail de tous les employés des filiales DPD Geopost du monde. Congrès UNI GLOBAL UNION : Paix et respect des droits humains Les délégués du dernier congrès mondial d’UNI Global Union ont rappelé leur objectif d’un monde pacifique, libéré de la peur, fondé sur la reconnaissance universelle des droits humains, et dans lequel la paix et la démocratie reposent sur la pleine application du droit international. Seule la justice sociale et un niveau de vie décent pour toutes et tous permettront d’établir une paix universelle et durable. C’est ce qu’a demandé Edwin P. Eagea, vice-ministre du travail colombien lors de la première intervention sur ce thème : il a évoqué dans son pays la faible espérance de vie des syndicalistes, hommes de loi ou politiques en faveur de plus de justice sociale. Oksana Slobodiana représentant les syndicats de la santé en Ukraine a remercié tous les délégués ayant soutenu les syndicalistes ukrainiens ainsi que l’aide internationale face à la guerre, à la remise en cause de leurs conventions collectives. Elle a rappelé le combat pour des salaires décents des salariés en première ligne que sont les personnels de la santé. Le témoignage de Phila C Mthethwa d’Eswatini a démontré le harcèlement des syndicalistes et leur licenciement voire leur fuite à l’étranger pour ne pas subir de violences. Plusieurs autres délégués ont dénoncé les violations des droits des femmes dans les conflits armés et demandent que les agresseurs soient traduits en justice, que les gouvernements consacrent des ressources suffisantes pour aider et protéger les femmes et les enfants qui ont été utilisés comme armes de guerre. FO Com a défendu l’idée qu’il faut s’engager à défendre et à lutter pour étendre les droits à la liberté d’association, d’expression et de réunion, qui constituent les fondements de la démocratie. Concrètement, c’est ce que défendent par exemple les affiliés français dans l’avenant en cours de négociation au sein de Geopost. Les délégués ont également et largement plaidé pour la protection des lois et des libertés, pour des médias libres et indépendants, pour une véritable politique de désarmement. Ils ont également débattu des situations en Palestine, au Myanmar comme dans d’autres pays. Le Congrès a adopté sa motion sur la démocratie et les droits humains, d’une part en rappelant son soutien indéfectible aux travailleuses et travailleurs ainsi que les militants confrontés à la violence, à l’occupation ou à la dictature, là où il n’existe pas d’État de droit ni de garantie des libertés démocratiques, d’autre part en dénonçant les violations des droits des femmes dans les conflits armés et l’exploitation des enfants comme armes de guerre. Au final, le Congrès mondial appelle la communauté internationale à investir dans un dialogue mondial pour s’accorder sur des mesures visant à prévenir les conflits, à mettre fin aux conflits existants et à reconstruire après la guerre de manière juste et durable. Portrait d’un des grands leaders mondiaux du syndicalisme indépendant Léon Jouhaux À seulement 30 ans, le 12 juillet 1909, il est élu Secrétaire général de la CGT par 35 voix face à 20 bulletins blancs. Ce n’est pas un hasard si son premier article dans La Voix du Peuple titre : « Pour l’unité ouvrière ». Avant la Première Guerre mondiale, il devient une personnalité du syndicalisme mondial en participant aux conférences de Paris et de Zürich, voyageant régulièrement au Royaume-Uni et en Allemagne. Voyant la guerre poindre, il tente jusqu’au dernier moment de convaincre son homologue allemand d’empêcher la grande « boucherie ». Au lendemain de la Grande guerre, il inspire le programme minimum de la CGT : création du Conseil national économique du travail, nationalisations, contrôle ouvrier et paritarisme. Face à la montée de la minorité communiste, il tente pendant trois ans de conserver l’unité de la Confédération. Il ne pourra empêcher la création de la CGT-U (Unitaire) contrôlée par le nouveau Parti communiste. En parallèle, il poursuit son activité internationale, devenant l’un des pères fondateurs du BIT (Bureau international du travail), étant aussi élu vice-président de la Fédération syndicale internationale. Le régime de Vichy le fait arrêter le 26 décembre 1941 car il avait commencé à organiser la résistance syndicale. Toujours rassembleur et chantre de l’unité, pendant deux ans, il va refuser la scission, pensant que dans le contexte, les ex-confédérés vont finir comme il le dit sur la paille. La situation est intenable. Après 38 ans de secrétariat général, il démissionne de la CGT pour devenir en avril 1948, le premier président de la nouvelle CGT-FO. En 1951, Léon Jouhaux reçoit le prix Nobel de la Paix. Condition essentielle de tout progrès social et fondement de notre engagement internationaliste, cet idéal de paix doit être réaffirmé comme valeur fondamentale constitutive de la construction européenne. Un idéal que Force Ouvrière se refuse à voir dévoyé par un libéralisme à outrance et un capitalisme tout-puissant, propices à une guerre, même économique, entre pays, entre régions, entre entreprises, une guerre de tous contre tous. Pour le pouvoir d’achat, les travailleurs se mobilisent Des géants de l’automobile contraints de céder Après six semaines d’une grève inédite, le syndicat UAW et les trois grands constructeurs automobiles américains sont parvenus à des accords records permettant une hausse du salaire de base de 25 % sur les quatre années de la convention collective. Les retraités verront des primes leurs être attribuées, de multiples grilles salariales disparaîtront et des avantages sociaux ont été remportés. Fort de 45 000 grévistes et d’une organisation des travailleurs ciblant les trois entreprises simultanément, UAW s’est réjoui de constater cette force de levier, absente depuis des décennies parmi les travailleurs. Mais qui dit profits records dit accords records, non ? Une chose est sûre, la grève a récompensé ces ouvrières et ouvriers de l’industrie automobile dont l’engagement et les sacrifices furent remarquables après la crise de 2008. Les britanniques en lutte contre l’austérité Avec l’inflation la plus élevée du G7, un million et demi de jours de grève ont été dénombrés en 2022 au Royaume-Uni. Les travailleurs ont mis fin à 18 jours de grève en 2022. CWU a indiqué que cet acte ne constituait en aucun cas une approbation de l’offre d’augmentation salariale portée à 10 % sur trois ans, à laquelle viennent s’ajouter une prime de 500 livres et des aménagements de journées de travail. CWU a assuré être maintenant tourné vers les salariés pour s’assurer que leur voix continue d’être entendue, dans un contexte d’instabilité politique et d’une augmentation sans précédent du coût de la vie. Au Bangladesh, les travailleurs du secteur textile se battent pour une vie décente Des grèves pour sortir de la précarité ont éclaté dans des usines textiles au Bangladesh, deuxième exportateur mondial dans ce secteur. Elles créent une richesse estimée à 85 % des 55 milliards de dollars d’exportation du pays. Assis jusqu’à 18h par jour, les salariés exigent un quasi triplement de leur salaire mensuel, actuellement à 8 300 takas (environ 68 euros). Cette revendication n’a rien d’hasardeux ni d’ubuesque puisque le seuil pour sortir de la pauvreté est estimé à 23 000 takas. Au-delà de l’augmentation de leurs revenus, les travailleurs exigent également de meilleures conditions de travail. Ce secteur voit des cadences infernales de productivité poussées par des grandes marques qui ont fortifié leur logique perverse de production de masse. […]
INTERNATIONAL
19 mars 2024Le 27 novembre dernier, les partenaires sociaux européens, dont la Confédération Européenne des Syndicats (CES), ont acté la fin des négociations sur le télétravail et le droit à la déconnexion dans le cadre du dialogue social européen, après plusieurs mois de négociations acharnées. Le négociateur FO Com, au sein de la délégation de la CES, avait rappelé dès le début et à plusieurs reprises la nécessité d’une règlementation sur le télétravail démontrant que les salariés en télétravail travaillaient plus que sur leur site de production voire au-delà de la durée hebdomadaire de travail et au détriment de leur temps personnel. Il avait également démontré l’opportunité d’intégrer un véritable droit à la déconnexion. La délégation syndicale a multiplié les tentatives de compromis toujours conforme à son mandat tel que voté par ses affiliés et pour autant, la délégation patronale a préféré quitter la table des négociations. FO Com et l’ensemble des affiliés français de la CES déplorent la rupture des négociations et condamnent le dogmatisme du patronat européen, y compris du patronat français qui a joué un rôle déterminant dans l’échec des négociations. Dès le départ, le patronat européen s’était engagé pour renouer avec un accord-cadre européen transposable en directive de l’Union Européenne afin de redonner un souffle au dialogue social européen, mais il a trahi son engagement une fois confronté à cette réalité. Le blocage du patronat est un aveu de faiblesse et une preuve d’irresponsabilité à quelques semaines du sommet de « Val Duchesse II », censé réaffirmer l’appui des institutions et partenaires sociaux européens pour le dialogue social européen. Face au blocage du patronat, l’ensemble des affiliés français de la CES appelle la Commission européenne à présenter au plus vite une proposition de directive de l’Union Européenne sur le télétravail et le droit à la déconnexion reprenant la position initiale exprimée par la CES au début des négociations. Cette directive devra être construite sur la base solide de l’accord-cadre autonome européen de 2002 sur le télétravail et respecter l’autonomie des partenaires sociaux au niveau national. Le refus du patronat de négocier et de s’investir en tant que partenaire social conformément aux traités européens ne doit pas rester sans réponse. L’ensemble des affiliés français de la CES appelle donc les institutions européennes à faire avancer cette initiative avant la fermeture de la fenêtre législative afin que le télétravail soit effectivement encadré et qu’un droit à la déconnexion soit reconnu pour tous les travailleurs en Europe. […]
19 mars 2024Depuis quelques années (la catastrophe du Rana Plaza au Bangladesh en 2013), le secteur International de la Confédération Force Ouvrière s’est penché sur cette responsabilité des entreprises donneurs d’ordre et l’impact sur les fournisseurs et sous-traitants. Cette réalité du marché du travail a conduit l’Europe à s’emparer du sujet et à examiner un projet de directive européenne dédié au devoir de vigilance. Une réponse à forts enjeux Dès 2016, deux lois ont instauré une obligation pour les grandes entreprises françaises de mettre en place un dispositif de vigilance : la loi dite Sapin II visant à mieux lutter contre la corruption (avec des volets préventifs et répressifs) ainsi que le trafic d’influence. Puis la loi de 2017 introduit un devoir de vigilance des sociétés-mères et entreprises donneurs d’ordre en matière de droits de l’Homme et de l’environnement. Depuis quelques années et dans de nombreuses filières, des délégués FO ont porté ce sujet et ont abouti à des accords dans leurs entreprises. C’était donc l’occasion pour la Confédération Force Ouvrière de réunir ses acteurs, militants, chercheurs et experts, de présenter un guide d’approche du devoir de vigilance avec ses grandes lignes et de partager des expériences de négociations de plans de vigilance au sein de différentes entreprises. Pauline MOREAU-AVILA, chargée du projet à la Confédération, a pu ainsi développer les étapes d’un plan de vigilance avec la réalisation d’une cartographie des risques, l’élaboration d’évaluation des risques, la présentation des actions adaptées d’atténuation des risques, la mise en place de mécanismes d’alertes et un dispositif de suivi des mesures mises en œuvre. Benjamin SCHREIBER de la FES (Friedrich-Ebert-Stiftung) a développé la loi allemande la différenciant de la loi française : plus d’entreprises impactées mais limitées aux fournisseurs et sous-traitants directs, s’appuyant sur les normes de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) et sur une gestion des risques avec de véritables sanctions financières pour les entreprises. Isabelle SCHÖMANN de la CES (Confédération Européenne des Syndicats) a prédit la prochaine parution de la directive européenne sur le devoir de vigilance, texte allouant un rôle central aux organisations syndicales, maintenant un mécanisme de responsabilité civile, désignant des autorités administratives pour un meilleur suivi des obligations de vigilance, etc. FO Com est intervenue en mettant en évidence les avancées de l’accord Geopost (multinationale française) qui impulsent le droit d’association et des droits syndicaux, un plan de vigilance, une définition plus large du travailleur des chaînes de valeur, des salaires décents, égaux ou supérieurs aux salaires minimaux nationaux, des formations, des mécanismes d’alerte et de suivi de l’accord. L’accord ouvrira de nouvelles perspectives aux salariés du monde entier où est implanté Geopost. Ces échanges autour de cette directive naissante marquent une étape importante pour mettre fin à un modèle commercial qui repose, en partie, sur le non-respect des droits fondamentaux des travailleurs. Nous restons vigilants sur la future transposition pour garantir l’essence initiale du devoir de vigilance. Celle-ci ne pourra être acquise qu’avec la mise en place de plans d’actions solides et d’un dialogue social de qualité incluant nécessairement les syndicats. […]
18 décembre 2023A cette heure, le gouvernement italien a entamé le processus d’approbation de la loi de finances pour 2024. Le projet de loi préparé par l’exécutif prévoit une série solide de privatisations qui inclut également la Poste Italienne. En fait, le gouvernement a annoncé son intention de vendre les 30 % d’actions de la Poste détenues par le ministère des finances, procédant ainsi à la privatisation définitive du groupe. C’est un mauvais choix pour deux raisons. Tout d’abord, d’un point de vue économique, La Poste italienne réalise chaque année des bénéfices et des dividendes substantiels pour les actionnaires, ce qui profite également au budget de l’État italien. Dans très peu d’années, ces dividendes couvriront le montant perçu par l’État lors de la vente des actions. Deuxièmement, le transfert du contrôle de l’État entraînerait une distorsion de la société, remettant en cause le rôle joué par Poste depuis plus de 160 ans comme pilier fondamental de la cohésion sociale et territoriale de l’Italie, grâce à la distribution du courrier et des colis et à la collecte de l’épargne des citoyens. Les Postes sont aujourd’hui dans une phase délicate de transition numérique et écologique, cruciale pour l’avenir de l’Europe et elles ont besoin d’être soutenues dans leur développement. FO Com condamne ce choix de privatisation de la Poste italienne qui serait un cadeau au marché financier et qui priverait les citoyens et l’État italien d’un actif stratégique pour faire face à tous ces défis, mettant en péril l’avenir de plus de cent mille travailleurs. FO Com soutiendra les initiatives des syndicats italiens visant à stopper cette option. […]